« …Parti, à ses débuts en 1964, de la matière « inerte », érodée naturellement par les éléments (en réalité sa « nature morte »personnelle »), il arrivera ensuite à la matière travaillée par l’homme : le mur par exemple ou les portes des granges.

Avec le temps, le « matiérisme » de Vogel sera, dans certaines de ses œuvres, un « work in progress », car la matière employée se transformera de l’intérieur comme si elle était « vivante », ce qui le conduira ensuite à l’homme, par un développement presque inconscient mais inéluctable.

Son œuvre est simplement la visualisation, l’extériorisation ou l’expression plastique d’une expérience directe avec la nature, une communion qui est la source inépuisable de ses images et projections, car Vogel est un artiste qui a les pieds sur la terre et la tête dans les étoiles.

Peintre/sculpteur ou vice-versa, il nous raconte son expérience dans une œuvre qui est un dialogue, nous dirions mieux un monologue « objectivable », car structuré dans l’espace, mais dans lequel le temps, dans tous les sens du terme – y compris la climatologie – est fondamental. C’est l’élément qui donne à son travail son authentique dimension d’expérience unique (comme en musique et le travail de Vogel est inséparable de celle-ci), d’événement insolite (ni commun, ni ordinaire), car c’est le laboratoire dans lequel ses œuvres se transforment, se modifient au sens littéral du terme, au fur et à mesure qu’il les travaille. » (Esther Ferrer)





« …L’espace dans lequel Michel Vogel évolue est peuplé de formes, de sons, de matières qu’il cueille et assemble pour mettre un peu d’ordre dans le foutoir d’un univers dont le mystère dépasse la logique humaine. Attaquer le métal au chalumeau, le battre au marteau sur une enclume, scarifier le bois en le blessant de pointes rouillées, brûler des surfaces saupoudrées de pigments sont des gestes qu’il pratique sans sadisme pour que le chaos et les ténèbres se dissipent. Ainsi organise-t-il un territoire à la taille de ses aspirations.



En art, le « prêt à porter » ne sied pas à Vogel ; il lui faut de l’inédit pour décrire et exprimer ses choix. Corrosions métalliques, patines du temps, pigments assaisonnés aux sels, sables oxydés, sonorités cristallines, rugueuses ou assourdies composent la palette qui personnalise une œuvre dans laquelle chaque élément prend place et s’emboîte comme les pièces d’un puzzle qui n’en finit pas de s’enrichir. La peinture devient sculpture qui elle-même se mue en sonorités quasi-visuelles et le cycle s’élargit dans le temps, à l’image des constellations qui respirent dans le cosmos et dont la luminosité varie dans un espace-temps infini. » (Philippe Delessert)